Groupes de petite taille : une réduction salariale à abolir

Dans le cadre des présentes négociations avec l’employeur, les membres du SCCCUQAT demandent l’abolition des mesures relatives aux groupes de petite taille. Mais que sont les groupes de petite taille, et pourquoi les chargées et les chargés de cours de l’UQAT souhaitent leur retrait de la convention collective? Toutes les réponses dans cet article.

Qu’est-ce qu’un groupe de petite taille?

Pour les chargées et les chargés de cours de l’UQAT, un cours dispensé à un groupe de petite taille est un cours de premier cycle offert à moins de 10 étudiant·e·s en présentiel et faisant l’objet d’une réduction salariale progressive (sections 12.13 à 12.17 de notre convention collective). La rémunération prévue pour les groupes de petite taille au premier cycle est la suivante :

• 1 à 2 étudiant·e·s : 50 % d’une charge de cours forfaitaire;
• 3 à 4 étudiant·e·s : 60 % d’une charge de cours forfaitaire;
• 5 à 7 étudiant·e·s : 70 % d’une charge de cours forfaitaire;
• 8 étudiant·e·s : 80 % d’une charge de cours forfaitaire;
• 9 étudiant·e·s : 90 % d’une charge de cours forfaitaire.

Malgré la réduction salariale, la personne enseignante doit enseigner le même nombre d’heures que pour un groupe régulier, soit 45h pour un cours de 3 crédits.

Les départements ont le droit (et non l’obligation!) d’identifier comme tel un cours dispensé à un groupe de petite taille durant l’affichage des activités d’enseignement. Jusqu’à la date limite d’abandon des cours, soit quelques semaines après le début de la session, la rémunération prévue pour une charge de cours peut changer. Seul le nombre final d’inscriptions est retenu, ce qui veut dire que la rémunération peut augmenter ou diminuer en fonction du nombre d’étudiant·e·s confirmé·e·s après le début de la session. Si le nombre d’inscriptions augmente à 10 ou plus après l’affichage, le groupe n’est plus considéré comme un groupe de petite taille et la rémunération normale s’applique.

Les professeures et les professeurs de l’UQAT ont intégré cette mesure à leur convention collective en 2021. Dans leur cas, la mesure est appliquée de façon systématique, soit à tous les groupes de moins de 10 étudiant·e·s. Elle est aussi effective pour les 2^e et 3^e cycles, ce qui n’est pas le cas pour les personnes chargées de cours.

Quel est le problème avec cette mesure?

1. Le recours à cette clause est beaucoup plus fréquent qu’autrefois et est appliqué de manière inégale d’un département à l’autre. Certain·e·s chargé·e·s de cours expérimenté·e·s ont vu leur salaire fortement diminuer lors de l’application nouvelle de cette clause dans leur département. De plus, si certains départements continuent d’offrir une rémunération complète pour un groupe de petite taille, d’autres appliquent systématiquement cette clause, ce qui crée une iniquité entre les personnes chargées de cours.
2. Le recours massif aux cours dispensés à des groupes de petite taille génère une incertitude quant à la rémunération du travail. Les chargé·e·s de cours vivent dans la crainte de voir leur salaire diminuer après avoir accepté une charge de cours et sont à la merci des coordonnatrices et coordonnateurs de département. Enfin, les assemblées départementales peuvent décider d’attribuer tous les cours de groupes de plus de 10 étudiant·e·s à des professeur·e·s, laissant surtout les groupes de petite taille aux chargé·e·s de cours.
3. La charge de travail que constitue un groupe de petite taille est à peu près équivalente à celle d’un groupe normal pour un cours de 45 heures. Bien que le temps dédié à la correction soit plus court, le temps alloué à la préparation, la dispensation des cours et le suivi des étudiant·e·s, qui accapare la majorité du temps de travail, nécessite autant de temps et d’efforts. Cela demande même une préparation parfois différente que pour des cours dispensés à des groupes plus nombreux. L’enseignement doit être plus personnalisé et doit assumer une plus grande part d’engagement avec le groupe-classe.

 Ce que nous voulons

 Les groupes de petite taille sont une réalité incontournable pour une université dont la majorité des centres et campus sont situés dans des régions avec un faible bassin de population. Ils sont une force pour l’UQAT, puisque les groupes de petite taille permettent de développer des liens plus prononcés entre les personnes enseignantes et apprenantes, ainsi qu’un accompagnement plus personnalisé dans les apprentissages.

Or, les étudiant·e·s bénéficient d’un enseignement de qualité lorsque les cours sont enseignés par des personnes dont le travail est bien rémunéré et reconnu à sa juste valeur.

Les personnes chargées de cours ont à cœur leurs activités d’enseignement et la réussite des personnes étudiantes. Avec les salaires moins intéressants et l’incertitude engendrée par les groupes de petite taille chez les personnes chargées de cours, nous sommes inquiets·ètes pour la qualité de l’enseignement à l’UQAT. Nous craignons de voir des personnes hautement qualifiées qui ont l’enseignement à cœur quitter leur vocation, changer d’employeur ou s’épuiser à accumuler les charges de cours de groupes de petite taille pour combler le manque à gagner.

 Au-delà d’une juste reconnaissance de la valeur du travail, les personnes chargées de cours dépendent de leur salaire pour couvrir leurs besoins de base, dont le prix n’est pas ajusté en fonction de la taille des groupes d’étudiant·e·s. Une réduction de salaire peut les placer dans une situation de grande précarité financière. De plus, les personnes chargées de cours sont plus enclines à investir du temps dans l’innovation pédagogique, la recherche qui enrichit leur enseignement et le développement de cours de haute qualité si elles sont correctement rémunérées.

Une revendication partagée

En assemblée générale, les chargé·e·s de cours de l’UQAT ont clairement exprimé leur souhait de voir cet enjeu au sommet des priorités de la présente négociation. Nous méritons d’avoir une juste rémunération pour l’enseignement que nous dispensons, peu importe la taille du groupe. Une rémunération adéquate permettrait ultimement à l’UQAT de montrer qu’elle valorise la justice et l’équité, ainsi que le travail des personnes enseignantes et la qualité des activités d’enseignement.

Nos revendications concernant l’abolition de la réduction salariale pour les groupes de petite taille sont issues des nombreux témoignages reçus par le SCCCUQAT. En voici quelques-uns.